Le sang
Le feu nourricier
Le sang
Circulation des éléments
Vieillesse et Mort

Et maintenant, pour en revenir à la respiration, point de départ de ce discours, c’est de cette façon et par ces moyens qu’elle s’est formée, ainsi qu’il a été dit précédemment. p176

Le feu nourricier

Le feu divise les aliments, il s’élève au-dedans de nous du même mouvement que le souffle et, en s’élevant avec lui, il remplit les veines en y versant les parcelles divisées qu’il puise dans le ventre, et c’est ainsi que des courants de nourriture se répandent dans le corps entier de tous les animaux.

Or ces particules qui viennent d’être divisées et retranchées de substances de même nature, les unes de fruits, les autres d’herbe, que Dieu a fait pousser tout exprès pour nous servir de nourriture, présentent toutes les variétés de couleur par suite de leur mélange ;

Le sang
mais c’est la couleur rouge qui y domine et qui est l’oeuvre du feu qui divise l’eau et la marque de son empreinte.
Voilà pourquoi la couleur de ce qui coule dans le corps présente l’apparence que nous avons décrite.

C’est ce que nous appelons le sang, c’est ce qui nourrit les chairs et le corps entier ; c’est de lui que chaque partie du corps tire le liquide dont il remplit la place laissée vide.
Le mode de réplétion et d’évacuation est le même que celui qui a donné naissance à tous les mouvements qui se font dans l’univers et qui portent chaque chose vers sa propre espèce.

Circulation des éléments

Et en effet les éléments qui nous environnent au-dehors ne cessent de nous dissoudre et de répartir et d’envoyer à chaque espèce de substance ce qui est de même nature qu’elle.

De même le sang, divisé à l’intérieur de notre corps en menus fragments et contenu dans l’organisme de tout être vivant, qui est pour lui comme un ciel, est contraint d’imiter le mouvement de l’univers ;
chacun des fragments qui se trouve à l’intérieur se porte vers ce qui lui ressemble et remplit de nouveau le vide qui s’est formé.
Mais quand la perte est plus grande que l’apport, l’individu dépérit ; quand elle est plus petite, il s’accroît. p177

Ainsi, quand la structure de l’animal entier est jeune et que les triangles des espèces qui la constituent sont encore neufs, comme s’ils sortaient du chantier, ils sont solidement assemblés ensemble, quoique la consistance de la masse entière soit molle, attendu qu’elle vient à peine d’être formée de moelle et qu’elle a été nourrie de lait.
Alors, comme les triangles qu’elle englobe et qui lui viennent du dehors pour lui servir d’aliments et de boissons, sont plus vieux et plus faibles que les siens propres, elle les maîtrise en les coupant avec ses triangles neufs et fait grandir l’animal en le nourrissant de beaucoup d’éléments semblables aux siens.

Mais quand la racine des triangles se distend à la suite des nombreux combats qu’ils ont soutenus longtemps contre de nombreux adversaires, ils ne peuvent plus diviser et s’assimiler les triangles nourriciers qui entrent ;
ce sont eux qui sont facilement divisés par ceux qui viennent du dehors.

Vieillesse et Mort

Alors l’animal tout entier, vaincu dans cette lutte, dépérit et cet état se nomme vieillesse.

Enfin, lorsque les liens qui tiennent assemblés les triangles de la moelle, distendus par la fatigue, ne tiennent plus, ils laissent à leur tour les liens de l’âme se relâcher, et celle-ci, délivrée conformément à la nature, s’envole joyeusement ;
car, si tout ce qui est contraire à la nature est douloureux, tout ce qui arrive naturellement est agréable.

Et c’est ainsi que la mort causée par des maladies ou par des blessures est douloureuse et violente, tandis que celle qui vient avec la vieillesse au terme marqué par la nature est de toutes les morts la moins pénible et s’accompagne plutôt de joie que de douleur. p178